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La Flamelosphère
17 janvier 2009

16h20


Découvrez MGMT!

A_Voice_From_The_Grave_1 

    Cela fait du bien. De retourner sur scène, enfin. Même pour un court moment. Pour pas grand chose. Pour dix petites minutes. Mais pendant ces dix petites minutes, revivre. Respirer, enfin. Se donner à fond, sans regret, sans relâche, pour le plaisir. Dix minutes de plaisir gratuit, parce que ça fait du bien.

    Dix minutes partagée avec 6 autres personne. Dix minutes importante dans le fond. Pour certains, une découverte plus intime, une exploration. Pénétrer dans un coin de leur esprit que je connaissais peu. Ce n'est pas du viol de l'esprit. C'est du don. De la vulnérabilité totale de soi, parce qu'on retire toute ses protection. Et accepter pendant un temps d'être à nu, réel, enfin, faute d'être.

    Pendant dix minutes, se débarrasser de la carapace de la tortue. Retirer ses écailles, se mettre sur le dos. Gesticuler dans le vide, mais pour de bon, réellement sans intention. Pendant dix minutes, laisser par terre les armures de plates qu'on s'est forgées avec des visages, envoyer au loin dans la mer les cottes de mailles qu'on s'est tissé avec le tissu pensif, planter l'épée du langage, poser les fléaux de la vie, les masses de méchanceté, enterrer la hache de guerre. Dix minutes de paix intérieur, de communion.

    Dix minutes d'être soit même, enfin. Dix minutes pour être Dieu, avec d'autres. Dix minutes pour créer du sentiment. Dix minutes pour oublier les écrits, le langage, et juste communiquer l'essence même de l'émotion. Dix minutes de flux de pensée pur, d'échanges terribles et effrayant avec des personnes qu'on ne connait pas. Dix minutes où la musique se fait le vecteur torrentiel d'une pensée et d'émotions tellement puissantes, que si la musique n'est pas l'Essence, alors peut-être en est-elle l'incarnation la plus pure, car pendant ces dix minutes, si elle n'était pas pure comme une idée, elle était pure comme la suggestion de tout et de tellement qui m'a dépassé. Dix minutes plus fortes que les autres minutes. Dix minutes d'explosion. Dix minutes de petite mort. Dix minutes où, si ce n'est les autres, je me suis oublié pour me fondre.

    Dix minutes derrière ce que je suis vraiment. Dix minutes à n'être plus que bois, métal et peau. Dix minutes d'être cette épouvantail musicoman et mélancolique, puissant, qui n'est arrêté par rien. Dix minutes d'osmose, finalement, avec les fûts, les cymbales, les baguettes, les coups, les dômes, les sons, l'acier des cordes, l'acidité et la métamorphose des ondes, la beauté des musiciennes comme des muses venues aposer un baiser doux et sucré sur la joue de ce nouveau-né, venue respirer en haletant de plaisir l'odeur musquée et chaude, tendre, de la musique, la beauté des voix, le soleil éclatant et cristallin d'une flûte, la gravité mélancolique et sage d'un violoncelle, la vibration de tout un monde dans un monde, et d'une vie dans une vie, et d'un temps dans un temps. Dix minutes.

    Et seulement dix minutes, malheureusement...

    Pourvue qu'on se la refasse... Plus longtemps. Ne jamais s'arrêter. Que rien ne nous arrête. Qu'on ne fronce plus les sourcils devant la vie qui n'est pas la musique, mais la permet.

    Et d'enchainer dix minutes de ces dix minutes, encore et encore. Jusqu'à se fondre dans l'air, se fondre dans l'Essence. Ne plus être qu'Essence, que Distillat, que Liqueur de l'Idée.

    Euterpe, je t'aime.

Tableau :  Une voix d'outre-tombe - Salvador Dali.

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