Congruences à la Russe
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A vrai dire, je n'étais pas vraiment partis pour faire un article, mais vu que c'est ainsi à chaque fois, je pense qu'au final, il vaut mieux parfois se lancer quand on ne veut pas pour finalement, par une curieuse ironie dont Dieu seul, s'il existe, à le secret, souvent réussir et n'en tirer au final pas tellement de plaisir, vu qu'on s'était destiné à ne pas le faire.
C'est sans doute dans ce sens que tout le monde me répète "ça vient quand on ne cherche plus", ou encore des phrases très jolies mais sans grand intérêt, dans le fond, tel que : "Oh, mais ça viendra un jour", "C'est quand on s'y attend le moins que ça arrive le plus!" et autres dans le style le plus pompeux : "Il n'est que patience désintéressée et sans idée qui mène à succès grand." Pour ma part, j'aimerais préciser : "succès sans grand plaisir tiré."
Quel plaisir à obtenir ce qu'on ne cherche pas? Après tout, le plaisir d'obtenir quelque chose est, à première vu, le plaisir qu'on ressent lorsqu'un vide se comble, lorsqu'on retrouve une partie de soit, une partie de quelque chose qu'on désirait. Peut-on vraiment ne plus désirer quelque chose et être heureux de l'obtenir? Je ne pense pas. Quand on obtient quelque chose qu'on ne veut pas, on peut bien feindre le plaisir, feindre la joie, mais pas la ressentir. La chose qu'on reçoit, on l'abandonne dans un coin, car elle ne comble aucun vide en nous, aucun besoin de notre personne. Parfois, même, on préfère l'honnêteté à la politesse hypocrite, et on refuse ouvertement des dons que la vie.
Alors, enfin, peut-on vraiment valider cette hypothèse de "c'est quand on ne cherche plus qu'on obtient?". En réalité, comment fait on pour ne plus chercher quelque chose qui nous manque, dont on a besoin, qu'on veut? La seule solution à ce problème à mes yeux est soit de ne plus en avoir besoin, soit de ne plus en avoir envie. Ne plus en avoir besoin, c'est que ce besoin à été comblé. Par quelque chose d'autre, par quelqu'un d'autre, par je ne sais quoi d'autre qui fait très bien office de remplacement de ce qu'on cherchait. En somme, on a plus besoin de quelqu'un chose que lorsqu'on l'a obtenu. Si on en a plus envie, c'est la même chose. Comment ne plus avoir envie de quelque chose dont on a envie? Lenvie a été comblée par autre chose. Et tout particulièrement, la proposition suivante sera sublimement stupide, mais quand on a plus envie, on a plus envie!
Donc comment prendre plaisir à obtenir quelque chose en ne le cherchant plus? J'avoue que cette expression me dépasse assez. Quand on est en manque, en besoin, il est impossible de s'empêcher de chercher. C'est humain. On a besoin de nourriture, on cherche à manger. On a besoin de soleil, on cherche la lumière. On a besoin de sentiments, on cherche le contact. On a besoin d'évasion, on cherche l'art et la fenêtre spirituelle qui n'apparait jamais deux fois au même endroit pour tout le monde. Non, on ne peut pas s'empêcher de chercher, sinon, qu'est-ce que vivre, sinon chercher?
Au final, je crois que c'est la le résumé de l'ironie vitale et murphyque : "Effectivement, c'est quand tu t'es foulé pour obtenir quelque chose que finalement tu as abandonné, oublié, et dont tu n'as plus envie aujourd'hui que cette chose s'offre à toi, ravie de t'avoir laissée dans ce sentiment de manque intense tout le temps où tu cherchais à l'obtenir." Cette loi n'est pas universelle et toujours réalisée, mais si l'ironie de la vie se résume, c'est sans doute ainsi, dans une formulation mieux prononcée que la mienne.
Tout cela parce qu'au départ de cet article, il y a mon fichu petit calendrier. Et que dans mon fichu petit calendrier, il y a un tableau de Dali à chaque mois, et évidemment, je pense que chacun l'aura remarqué, quand il y a du Dali, je regarde. Il n'empêche qu'hier soir, alors qu'une amie m'en parlait, effectivement, on étais en février. Le tableau était d'ailleurs "Idylle atomique et uranique mélancolique". Et sur ce fichu petit calendrier, c'était le fichu mois de Février. Et dans le fichu mois de Février, je me suis aperçu qu'on était à 7 fichus jours pile poil du fichu 14. Je ne m'épancherai pas sur ce que le 14 Février, tout le monde le sait.
Dans l'absolu, c'est une fête qui m'écoeure. "D'une main", comme disent nos amis anglicisant, par mauvaise foi, parce que je l'ai toujours en pratique passé seul. Seul matrimonialement parlant. Sauf rare exception de l'année dernière. Mais si elle était là, je pense qu'elle serait peut-être d'un commun accord avec moi pour que la fête de 2008 n'ait pas existé. Après, évidemment, il y avait la bière avec les copains parfois, mais c'était surtout du tout seul aussi humainement parlant.
C'était une absence totale d'envie de sortir. Comme le dit la chanson : "Je hais les couples qui me rappellent que je suis seul". Ce n'est pas tellement les deux êtres humains formant le couple qui m'énervent, c'est le couple en lui même. Parce que je suis seul, effectivement. Mauvaise foi, mauvaise foi, mauvaise foi. Et j'assume. C'est donc un "Non, je ne sortirai pas de chez moi pour les voir tous comme ils sont heureux tous ensemble deux par deux. Et les yeux dans les yeux, et la main dans la main, et tout le tintouin. Non, je ne sortirai pas."
Et en même temps, c'est une immense envie de sortir et de courir loin en longeant l'Eure. Courir vite, très vite, à en perdre haleine. Sortir de chez moi, traverser le Vaudreuil; avoir une pensée pour les retraités des rivalières, peut-êtres veufs, peut-être veuves, peut-être divorcés, peut-être accompagné, aussi, si la chance leur sourit. Travers le chemin bétonné, et longer l'Eure, avec ses cygnes, ses canards, ses poules d'eau, et courir aussi vite que je peux en suivant le chemin des Saule, ces grand et beaux arbre qui n'ont jamais fini de pleurer, tant les amoureux ont entaillé leur chair au couteau. A peine leur blessure ecorcée se refermer qu'un nouveau couple un peu romantique fait briller son opinel à la lueur de la Lune, cette gardienne des serments des amants, et le plonge goulûment dans la chair encore meurtrie du pauvre arbre. Et l'amour rit et est heureux de voir souffrir le pauvre Saule seul, lui, toujours tout seul à pleurer au bord de l'eau, tandis que l'Amour dévore tout ce qu'il avait de souffrance et le régurgite en un coup de lame qui rouvre dans son coeur de sève et de bois la vieille blessure que lui avaient infligée les précédents.
Et parfois, j'ai envie, si il fait beau, de m'endormir un peu sous un de ses Saules, et espérer que dans un rêve, l'un d'eux viendrait me parler, me raconter ce qu'il a vu, tout ce qu'il a versé de larme de joie et de larme de souffrance, les gens que lui et la Lune on pu voir s'uni et se quitter après avoir laissé dans leur chair et dans la sienne des traces ineffaçables.
Malheureusement, ces chemins près des cours d'eau sont aussi, dans l'absolu, les plus prisés de ces amoureux qui dans le fond ne font rien de plus mauvais que de vivre leur bonheur. Peut-on leur en vouloir? Non, on peut seulement être jaloux.
Dans le fond, je déteste le 14, parce que c'est le jour où l'on ne peut sortir sans les croiser. Tant mieux pour ceux qui n'aiment pas et qui ne sont pas touchés par la lumière brûlante qui vacille autour d'eux. Je sais juste que ce jour là, tous, autant qu'ils sont, irradie d'une façon que je ne peux ni ne veux voir. Et je ne peux toujours pas parler avec les Saules.
Alors, d'avance, je sais que, encore, je resterai chez moi samedi. A moins que quelque heureux évênement improbable et de toute façon complètement irréalisable dorénavant ne se produise dans le très court laps de temps qui m'est impartis, et surtout dans cet endroit qu'est Corneille, à moins qu'il n'y ai un miracle comme il ne s'en produit que dans les rêves; à moins que vraiment, vraiment, il y ai de ces rebondissements qui n'existent pas, je crois que oui, je vais une fois de plus rester cloitré chez moi, et ne rien faire. Dormir, oublier. Dormir jusqu'au dimanche, autant que possible, pour oublier que cette journée existe, et surtout pour oublier que c'est la vraie journée dans l'année où je peux dire sans éxagérer comme à mon habitude : "Je suis vraiment tout seul."
Alors, samedi prochain, bonne Saint Valentin à tous ceux qui s'aimeront, bon courage à tout ceux qui voudraient être aimés, et bonne journée à ceux qui n'en auront cure de toutes ces sottises. Pour ma part, ce ne sera pas ma journée. Vraiment.
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Dans le fond, peut-être que j'avais envie de le faire, cet article...
Tableau : Idylle atomique et uranique mélancolique - Salvador Dali