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La Flamelosphère
1 juin 2009

Hypocalypse

I
Envol

    C'est la fin. Le bout du rouleau, le hoquet d'agonie, le soubresaut, l'arythmie fatale, la dernière convulsion, le soupir ultime, la seconde meurtrière. Point final, ou point d'orgue, prenez le comme vous voulez. Je ne prend plus rien moi même, je ne veux plus rien prendre, ni plus rien recevoir. C'est ainsi. C'était mon dernier plomb, mon dernier tir, le dernier morceau de feuille. Plus de retour possible à la ligne, plus de caractère restant. Les touches de la machin à écrire, infernale, se sont emmêlés, et plus rien n'est recevable, ni compréhensible. Tout se superpose, tout se flêtrit, tout brûle, tout s'antimatièrise, tout s'annihile pour ne plus rien donner que le vide et la fin. Je jette mon dernier billet dans la grande corbeille de la blogosphère, jusqu'à ce qu'un papier neuf vienne me couper le doigt où la joue, me crever l'oeil ou me percer les pieds, m'arracher Eurydice ou me trancher la tête. Cerbère a tout engloutit dans ses affres : la première tête à mangé mon devoir, la seconde à dévoré mon âme, la troisième à décharné ma tête. Je ne suis plus que la tête de la Danse Macabre, et mes mots ne seront plus que ces petits os pourris et ces viande désossées qui danse dans la grotesque farandole où tous sont égaux.
    J'ai tapé des feuillets que j'ai parfumé de ma vie, aussi nauséabonde que voluptueuse, et je les ai posé dans une pile au creux de mes cheveux, entre ma tête et mon coeur. Tandis que j'ai ouvert ma fenêtre au dehors qui m'inspirait, j'ai ouvert ma porte à ceux de confiance. Inéluctable courant. Dahlia qui tranche les nattes de Samson. Me voilà maintenant désemparé. L'orage éclate, les feuillet, emporté par Zéphyr, bousculés par Eolé, entourbillonnés par Borée, ont volé dans la pièce de l'antichambre noire et or, coupant déchirant les chairs sur leur passage, sectionnant les tableau, mutilant les statues, empoussièrant les mythes. Tout s'est vu jeté par la fenêtre. Les écrits ont brûlé comme les ailes d'Icare, sont repartis dans leur tombe comme Eurydice, ont erré comme Oedipe, se sont noyés dans le caniveau comme Narcisse. L'ancre à coulé comme un poison dans mes veines, imitation du Léthé qui elle me rapelle tout pour ne rien me laisser oublier. Je n'en peux plus.

    Mais écrit sont partis, se sont envolés, se sont perdu. Je n'ai plus la foi. Je ne crois plus. Je n'ai plus ce qui me poussait à écrire, car le brouhaha m'envahit, et je n'entend plus rien, sinon le silence, et les cris des feuilles du saule.

    A la prochaine.



II
Monelpide.

 Monelpide vivait près d'un Lac de Souvenirs, et Monelpide cherchait la Lune. La Lune était belle, la Lune était mystérieuse, la Lune était savante, la Lune était tout ce qu'il voulait et le seul but qu'il s'était fixé. Monelpide rêvait de la Lune, et lorsqu'il en rêvait, il se levait la nuit pour la chercher. Monelpide l'observait de ses yeux rond d'idiot, et il s'asseyait des heures à s'imaginer tenir dans es bras cette forme changeante qui ne lui parlait pas, mais lui disait tout. Il s'imaginait accroché et glissant sur son croissant, allongé sur le disque, promenant dans le quartier. Lorsque la nuit était sans Lune, Monelpide pleurait sur lui même de n'avoir su la retenir, mais il savait que tot ou tard, la Lune reviendrait. Du moins, Monelpide l'espérait, et lorsqu'il voyait reparaitre le bout timide du croissant, comme un sourire de profil, Monelpide, joyeux, dansait, jouait et chantait pour la Lune.
    Monelpide racontait ses rêves à la Lune. Monelpide disait à la Lune qu'il n'aimait pas le monde des Hommes et la science des Hommes. Monelpide disait à la Lune qu'il était intrigué par les éléments, par les chemins de l'existence, par les symboles des Dieux et les signes du destin. Monelpide expliquait à la Lune combien noir était le monde à ses yeux, et combien il tentait, tant bien que mal, de poser des pigment de mot et de son sur ces ténèbres. Monelpide chantait ses chant et jouait sa musique à la Lune, et il lui disait que c'était pour les femmes qu'il faisait cela, et qu'il restait sur la Terre. Monelpide disait que les femmes étaient les soeurs, les mères, les filles, les servantes et les maitresses de la Lune, et que toute la Lune n'était que le meilleur de toutes les femmes qu'il avait rencontré mis dans un seul être. Monelpide disait qu'il haissait le mâle, et préfèrait la femme, et qu'il aimait la Lune, elle qu'il n'avait jamais touché, et elle qui ne descendait jamais sur Terre, parce que la Lune était ce qu'il y avait de plus beau. Monelpide disait à la Lune que jamais elle ne chauffait trop fort, que jamais elle n'aveuglait en faisant mal, que jamais elle ne tuait l'Homme, que jamais elle ne brillait pour rien, que jamais elle n'était entouré de rites ridicules, et que jamais elle ne révèlait les secrets. Toutes les nuit, Monelpide se confiait à la Lune, et lui racontait combien vivre aurait été cruel si la Femme et la Lune n'aurait pas existé.

    Comme Monelpide aimait la Lune, Monelpide voulu la rejoindre, ne sachant pas ce qu'il trouverait. Il monta sur un monticule, et s'élança avec maladresse. Il tomba, se fit mal, et vit qu'il n'était pas assez haut.
    Alors Monelpide monta sur un mur, et s'élança avec gaucherie. Il tomba, se cassa une jambe, et resta longtemps alité, fièvreux, et il vit qu'il n'était pas assez haut.
    Alors Monelpide monta sur une falaise, et s'élança avec grâce. Il vola, crut-il d'abord, puis tomba, et se broya les os, et resta longtemps alité, agonisant, et il vit qu'il n'était pas assez haut.
    Alors Monelpide, toute sa vie, chercha la plus haute et pentue montagne qui pouvait s'élever haut dans le ciel, dans le plus haut pays du plus haut continent. Quand il la trouva, il monta sur le pic le plus haut de la montagne, et se confia encore à la Lune, lui disant qu'il l'attraperait, cette fois ci.
    Et Monelpide regarda, pour se flatter, combien haut il était, et proche du ciel. Il descendit sa tête, et observa le Lac de Souvenirs qui trônait en bas. Et Monelpide il vit la Lune sur la surface de l'eau.
    "Lune, comme je suis bête, et combian j'ai été idiot de ne pas voir que je ne cherchais que ton reflet dans le ciel! Tu es dans le Lac qui m'a accompagné chaque jour de ma vie, et je ne t'avais pas vu, trop occupé à croire que tu te trouvais dans le ciel. Le Ciel est le Royaume du Soleil, ingrat, masculin, et prétentieux. Ton Royaume à toi, ô la Lune, est mon coeur et le fondement de mon être. Me voilà, Lune, je reviens là où j'ai toujours vécu, et plus jamais je ne chercherais là om tu n'es pas, puisque je t'ai trouvée!".
    Alors Monelpide s'élança aussi grâcieusement qu'il pu du plus haut pic de la plus haut montagne du plus haut pays du plus haut continent vers le Lac qui avait toujours été près de lui.

    Lorsque Monelpide ateignit l'eau, il eut froid, très froid, trop froid. Il pénètra dans l'eau sans que la Lune le touche. Il s'enfonça jusqu'au fin fond de sa mémoire, et sa tête se concassa violemment contre les rochers massifs de sa stupidité. Alors que sa tête s'ouvrait, sa poitrine se remplis d'eau et brûla de douleur.

    Ainsi est mort Monelpide.


III
Papesse à Minuit Deux.

 Le Bateleur à vogué jusqu'à la sixième heure sur l'orbe et la Roue. Il faudra à nouveau franchir six larmes pour six lames jusqu'à s'expier entièrement. Il aura traversé les pièges, parlé à tous, et n'aura rien compris. Il se verra pendu pour toujours, tant qu'il n'aura su mourrir à lui même et pour le monde. Mort aux yeux du monde, il veut passer par là, car il croit que c'est là le chemin. Il croit qu'il est le blé à faucher, il veut être la mauvaise graine qui pourris le champs déjà mort, il veut être la moisson moissonnée et la paille qu'on brûle. Il veut voir la faux cueillir ses grains de folie furieuse comme un archet d'acier sur le corps de la Trompette. Et quand il se sera incliné devant le lumineux dessous la Terre, quand il aura sauté du haut de la Tour frappée par la Foudre, quand il aura traversé les illusions de l'un et de l'autre, quand il aura été jugé finalement pour avoir fait le tour de ce qu'il a cru être le monde et l'univers, il n'aura plus qu'à chuter jusqu'au plus bas, mis mat, devenu fou, errant au son des clochettes et des souvenirs, suivant les voix des diables et les choeurs des anges, tous orienté dans la même direction. Car il aura compris qu'il était passé à côté de la Papesse, pressé de tout savoir, et n'ayant finalement rien su, sinon tout oublié.

    Et il sera alors Minuit Deux. L'heure de la Papesse.




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Commentaires
L
Je ne m'étendrais pas sur ton départ, d'ailleurs j'arrive bien trop tard , tu as déjà quitter le port. Tout ce que je peux te souhaiter c'est un bon voyage au coeur de toi-même et quoi que tu entreprenne n'oublie jamais ce qui reste ici, c'est une partie de toi. Tu l'as dit toi-même , il ne faut rien oublier, et par dessus tout pas soi-même...<br /> <br /> Bon vent Baptiste!
F
Allons, ceci n'est que la fin de la Flamelosphère...<br /> C'est la fin d'un monde, certes. LA fin de mon monde, entre autre. Il a été colonisé, finalement, comme tout monde libre. Et les peuples de chants et d'Essences qui y vivaient on finit par plier et s'évaporer devant la chaleur humaine et le joug du bien penser...<br /> <br /> A vous tous, parce que vous étiez là, discrets, dans l'ombre créée par la lumière à laquelle j'ai tenté de ne pas brûler mes yeux, merci, parce que si la Flamelosphère n'est plus qu'une ruine, c'est toutefois une ruine où vos fantômes, plus que les miens, resteront séjourner. Mon propre fantôme ne peut plus supporter ce qui le retient encore dans le monde. Il doit voguer. Il part hanter d'autres rêves de merveilles. Ou se laisser hanter. Un fantôme, finalement, n'est rien de plus qu'une chose elle même hantée par une vie inachevée.<br /> <br /> Car mon oeuvre n'est pas achevée. L'Oeuvre au sens de la finalité de ce que je veux faire. Ce que je veux faire est corrélé plus que fortement avec ma vie. J'aurais toujours, jusqu'à ma mort, des jours où j'aurait envie de distiller ce que je sens, et goûter ce que je distille, pour finalement jeter sur des terres neuves le vin et les spiritueux que j'aurais tiré de mon alambic de fortune.<br /> <br /> Si c'est donc la fin de la Flamelosphère, mes amis, ce n'est pas ma fin, loin de là... La Flamelosphère est une ruine foédale, alors que l'architecture même se raffine. La Flamelosphère est une église romane qui m'a servit de pied de base et de pierre pour mon église. J'y ai ajouté tant bien que mal des ailes et des annexes gothiques (comme tu le dis, Aurélien!) que j'ai mis tout mon coeur à sculpter, avec toute la fureur triste et la joie noire que j'ai pu mettre dans les figures...<br /> <br /> Mais après cette église solennelle, vestige d'un temps de recueillement, de nécessité, de pénitence, voici venu le moment où le roman ne me suffit plus...<br /> <br /> Et il faudra du temps. Plus de temps que pour la Flamelosphère. Mais je vous promet, je vous assure, qu'un jour, je batirais des cathédrales à percer les flans de Dieu. Et les flèches des tours porteront vos nom, vous, qui plus que moi même, au final, m'élevez au dessus de ce que je suis convaincu d'être.<br /> <br /> La Flamelosphère restera l'abbaye fraiche, le monastère austère, l'eglise forte et lourde, ancrée dans la terre de mon vivant, dans laquelle j'aurais officié sur moi même dans l'eucharistie totale, celle où le pain et le vin ne devienne plus que pensée et souvenirs, une odeur de folie, peut-être. Les ruines resteront, pour que je puise me souvenir à nouveau.<br /> <br /> Et c'est en me souvenant de vos mot, qu'après m'être exercé ici, j'irai bâtir mes cathédrales ailleurs, là où je ne me suis pas encore exploré...<br /> <br /> Merci encore, vraiment, sincèrement, beaucoup.<br /> <br /> Tout cela n'est qu'un au revoir.<br /> <br /> Adieu, et au delà de lui.<br /> <br /> Baptiste.
A
C'est un pan de ton univers que je vois se terminer là. Il faut avouer qu'on ne se connaît pas encore tellement, mais on a déjà pas mal de points en commun.<br /> <br /> Ta poésie m'a toujours émerveillé, elle reste dans un style proche du gothique du XIXéme siècle (pas grand chose à voir avec le gothique actuel, un peu dépressif) et teinté d'un romantisme délicat...<br /> <br /> Cette fin est donc brutale quand même, je commençais à apprécier tes vers comme un humble portant à ses lèvres la coupe d'un rosée fraîchement fait et d'une saveur rare...<br /> <br /> Il y a toujours de la grandiloquence dans ce que tu fais, dans tes écrits, mais pourtant, par grandiloquent, j'entends un certain côté épique, tout est grand, et ceux à quoi tu veux donner une beauté est encore plus beau. C'est une grandiloquence sans le côté "trop c'est trop".<br /> <br /> Bref, si un jour tu veux le reprendre, je serai là pour assister à sa renaissance!
S
Ton renouveau à toi aussi sera agréable.<br /> Je ne suis pas triste, j'ai tout simplement hâte de voir ton "toi" réfléchie et oiurquoi pas retravaillé. On a tous besoin à un moment donné de mettre de l'ordre dans ses cogitations et de passer a autre chose ou a fortiori, un cran au dessus. Ce que tu feras. Courage et navrée ... j'aimerai savoir te parler, te captiver comme au début, début amorçant notre feu. Comment alimenter ce feu a présent ? Je m'en veux, je pense que j'y suis pour quelque chose et que je n'ai à l'evidence pas vu le message jusqu'à maintenant ( peut- être ? ) ou alors est-ce encore Dame Paranoia qui se joue de moi. <br /> Dis-moi Baptiste .. Et courage, tu n'en reviendra que meilleur, si tant est que tu peux l'être d'avantage.<br /> A bientôt.
D
Tu ne met pas le mot Fin, mais ce n'est pas pour autant que ta fin n'est pas moins brutale que la mienne !<br /> Dans ce "billet", je viens de retrouver tout ce qui fait toi, l'être dont je ne connais qu'une parcelle de son identité : la Lune, les femmes, les mythes et les symboles, la poésie et la souffrance aussi...<br /> Mais je pense que des désillusions ne sont que les débuts de nouvelles histoires et tu es un merveilleux conteurs Baptiste, et j'ai toujours envie de t'écouter !<br /> A bientôt,<br /> Maud.
La Flamelosphère
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