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La Flamelosphère
18 octobre 2008

Lundi matins


Découvrez Pink Floyd!

dsotm


    J'ai été tenté lundi matin, dans le train, vers les 7h10 du matin, de tester un jeu d'écriture dont j'avais entendu parler, qui tire ses racines dans la poésie surréaliste : le poème de gare (qui possède de nombreuses variantes comme le poème de métro, de bus, de comptoir,...).
    Le principe en soit est assez simple : pendant que le train se déplace d'une gare à une autre, on se laisse bercer par le mouvement, et on cherche un vers ou deux (ou plus, si on a peu de gare à visiter pendant le trajet, mais c'est bien plus amusant de ne chercher qu'un vers) pendant ce voyage.
    Une fois le train stoppé en gare, pour ne pas perdre le vers, on l'écrit rapidement sur un morceau de papier. Mais vite! Car il faut s'interdire d'écrire pendant le trajet, et s'interdire de réfléchir au vers suivant lorsque le train est à l'arrêt. Le train de pensée doit être respecté : en mouvement, c'est la réflexion qui fuse à travers de l'esprit; arrêté, il faut savoir poser ce que l'on a.

    Le train, le lundi matin, se prend beaucoup au jeu lui même. Tout d'abord, parce que tôt le matin, je ne suis jamais très réveillé. J'ai encore les yeux pleins du sable du sommeil, les paupières de plombs, le corps lourd comme du marbre de mauvaise facture. Il fait froid, aussi, un peu. On est encore tout cotonneux, les oreilles et l'esprit étouffés par l'ouate que nous fait le rêve : tous est flou, tout à une autre apparence, dans la nuit, dans la lumière matinale, autant celle jaunâtre et artificiellement froide du train que l'aube qui point au loin, avec ses trainées orange, roses, pourpres, embrasant comme un feu de forêt tous les voyageurs qui reçoivent sa lumière.
    Et puis, surtout le lundi matin. Tout d'abord parce qu'il n'y a que le lundi que je prend le train le matin, mais également parce que parmi les voyageur, il y a toujours quelques personnes pour me ravir la vue. Parfois dans leur beauté, parfois dans leur élégance, ou dans leur démarche, ou dans leur gestes, parfois dans leur actes, parfois dans leur voix, parfois dans la manière qu'elles ont de sommeiller contre la vitre : les rayons de l'aurore viennent alors dessiner tout un paysage sur leurs joues, faisant d'elles des mondes entiers, des planètes, des univers, des soleils et des étoiles. Lorsqu'elles respire dans le froid, en frissonnant, avant que la chaleur humain n'ait eu le temps de tout faire disparaitre, il y a parfois un peu de buée qui, en sortant de leur bouche, se transforme en une étrange nébuleuse, onirique, intimidante, belle.

    Comment ne pas se sentir ainsi la vague à l'âme, comment ne pas se sentir le corps ici et l'âme ailleurs? Comment ne pas vouloir tenter d'immortaliser tout cela dans sa tête par les premières phrases qui nous tombent dans le coeur?

    C'est un exercice assez intéressant que le poème de gare, qui possède quelques variantes : les poèmes de bus et de métro se déroulent de la même façon, mais avec des stations de métro, ou des arrêts de bus. Ces deux-ci poussent notamment à soit faire des vers très courts soit peu construits au niveau de la métrique, puisque le temps manque toujours, car le temps est toujours court, trop court, entre deux stations ou deux arrêt.
    Le poème de comptoir est plutôt intéressant, drôle, risqué et tentant à la fois en le fait qu'il se compose entre deux verres. On s'assied au comptoir, on commande une boisson (alcoolisée de préférence, pour rester dans la grande tradition du surréalisme. Oubliez toutefois l'absinte...). Lorsqu'elle nous est servie, on peut commencer à penser à un vers ou deux tout en dégustant notre verre, celui ci nous étant déjà apporté (vous noterez le lamentable jeu de mot qui meriterait ma flagellation...). Une fois le verre fini, on en recommande un autre. Le temps qu'on nous l'apporte, il faut se dépècher de noter ce que l'on a trouvé... Et ainsi de suite, pour autant de verre et de vers, donc, que l'on veux. Il est drôle car l'alcool envahissant peu à peu les yeux le coeur et la main, le poème peut de plus en plus devenir spécial et étrange. Risqué, car le nombre de vers et limités par le nombre de verre qu'on peut ingurgiter jusqu'à en tomber par terre, mais également parce qu'on peut rapidement en avoir pour beaucoup de notre argent. Interessant, en le fait qu'il ne se finit jamais, par définition. Car, en effet, pour écrire le vers, il faut recommander un verre. Alors, comment écrire le dernier vers du poème? Certains trichent en ne recommandant pas de verre pour le derniers vers, et l'écrivent avant de sortir du café. Ceux qui ont le plus de mémoire jouent le quitte ou double : ils décident de garder le poème incomplet, le dernier vers manquant... jusqu'à la prochain séance! La prochaine fois, en attendant le premier verre qu'il commanderont, ils mettront la touche finale au poème précédent. A condition bien évidemment de ne pas l'oublier, ce qui est plutôt difficile avec le temps et... l'alcool!

    Voici donc ma première tentative pour un poème de gare. Il n'est pas très bien écrit, toutefois. Beaucoup de choses manquent. Mais c'est le jeu! :

Secrètes pour vaincre le sombre
Des bottes d'étoiles
Pour courir l'Espace
Piétiner le Temps
Des bouquets d'yeux
Aux reflet d'agate
Des étés dans la voix
Pour les étincelles de l'âme.
Fleurs d'astres dans la pénombre.

    Je suis d'accord, il ne veut pas dire grand chose... J'ai réorganisé volontairement la mise en forme du poème : présenté ainsi, il me fait penser à un sablier, et j'ai été heureux de voir qu'il me faisait le même effet en lisant de bas en haut que de haut en bas. J'y vois vraiment le sablier qu'on tourne et retourne, le bas qui devient le haut, le haut devenant le bas (Les premiers seront les derniers...), mais ce n'est peut-être qu'une hallucination de ma part...
    Volontairement, je me suis foutu de la rime : surréaliste, vous disiez, non?

    J'espère être assez motivé pour réitérer l'expérience lundi... Qui sait, lui rajouter le trajet du bus (si je ne suis pas passionné par ce que me dit ma charmante consoeur de route =] )? Ou bien faire un long poème de toute la semaine en cumulant train, bus, et comptoir? Non, ne pas se lancer trop vite... Oh, et puis pourquoi pas, hein?

    On verra bien...

Image : Pochette de "Dark Side of The Moon" des Pink Floyd...
Petite dédicace pour mon cher Arkham, qui,
avec toutes ces conneries que sont les études,
me manque, quand même, l'enfoiré...

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Commentaires
M
Bonsoir.<br /> Petit passage rapide (je m'étais promis de dormir à 19h après le repas de classe...)<br /> Je suis pas doué pour les devinettes.... et donc je vais laisser le doute planer.<br /> J'ai beaucoup aimé ton lundi matin. (il me rapelle tellement les miens; et mon incapacité à traduire cette "magie"... bref... je reviendrais [là je suis trop fatigué pour réellement m'exprimer.]<br /> Bonne soirée.<br /> Biz
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