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La Flamelosphère
15 novembre 2008

Gare (à qui, à quoi?)


Découvrez Scorpions!

0324   


    Je savais que cela ferait plaisir à ma très chère Maud, qui en réclamait un nouveau. J'ai donc pensé vendredi soir à un petit poème de bus/gare. En même temps, cela faisait un petit bail que je n'avais pas écris ici. Manque d'inspiration, manque de force, manque de motivation, manque de tout. Plus vraiment de volonté, sauf celle de dormir.
    Faut avouer que le week end ne me réjouit pas vraiment, et n'est pas pour me motiver. La semaine n'est déjà pour moi pas très gaie, entre les cours et l'unique présence d'individus masculins, et le week end, au final, c'est revenir pour entendre les gens crier, c'est revenir pour ne pas savoir quoi faire, parce que tout me dépasse, tout me donne mal au crâne, les cris comme le silence. C'est échanger un malheur contre un autre, au final. Je n'ai plus grand chose à lire, et cela aussi m'interpelle. J'ai tellement besoin de m'évader, de vivre autre chose qu'un quotidien trop quotidien.
    Au final, j'ai l'impression de devoir me réfugier dans le sommeil. Je dors, je dors, je dors. Quand je ne me torture pas la tête, par une sorte de plaisir masochiste qui m'est délectable, je dors. C'est une autre solution pour perdre pied face à la réalité, vivre au ralenti comme on se meut dans l'eau. Même si en vérité, je déteste me baigner.

    Il faut avouer quand même que la semaine je dors peu. Ambiance de l'internat, mais, ça manque de douceur, là bas, ça manque de sensibilité. Population masculine, bien évidemment, là est la cause. Là bas, ce n'est pas tendu, mais presque. Ca se violente, même pour rire, mais ça se violente. Ca se parle parfois méchamment, et dans la bouche de certains, la blague prend parfois une odeur de mépris profond. Là bas, ça pue presque la vanité, le faux semblant. De derrière les yeux de certains je vois suinter la connerie comme le pus qui remonte d'une blessure. Là bas, c'est le jeu de celui qui s'imposera comme le chef, c'est le jeu des dominants, des dominés, des autonomes et des souffres douleur. Certains n'ont pas vraiment de respect pour l'espace et le matériel des autres (il est toujours joyeux de rentrer à l'internat pour apprendre que durant votre absence votre matelas à fait quelques migrations hivernales à travers le couloir et s'est paré de deux taches de sang bizarroides qui à votre sovenir n'est pas le votre), certains oublie qu'ils sont en communauté. C'est à celui qui jouera le plus de mesquinerie pour avoir une douche : lorsqu'on doit la laisser, on est quelqu'un de normal, et aucun remerciement ne vous est donné; lorsqu'on attend depuis 15 minutes pour l'avoir et qu'on la prend légitimement devant l'oeil de celui qui est arrivé il y a deux minutes trente, on est un infâme enculé qui merite le mépris le plus profond. Lorsque certains attendent les plus lent, c'est toujours avec cet air de leader détaché et insultant, ce petit esprit de branleur aussi méprisable que méprisant. Lorsqu'ils appellent les gens, c'est toujours sans un s'il te plait, rarement avec un merci : pour appeler ses "congénères" (si tant est que ces messieurs qui se prennent pour des grands les considèrent comme des égaux), on siffle, on dit "X, à la papatte!", on appelle. Pour quoi que ce soit qui revêt un semblant de victoire, c'est toujours en rajoutant un rictus de salopard qu'on s'esclaffe, ventripotent : "Pan, dans ta gueule" (sous entendu : "c'est moi le chef, petite merde insignifiante"). On n'hésite pas à faire remarquer aux autres qu'ils sont useless, à ocuper leur bureau comme si c'était le dépotoir publique, à piller la nourriture qu'un autre vient à peine de sortir, et dont il ne profitera pas parce qu'il a eu l'horrible et honteuse audace de s'assoupir cinq petites minutes. En réalité, c'est une loi non pas de la jungle, où l'on cherche à survivre, ce n'est même pas la loi du plus fort où l'on se bat pou garder ce qu'on a, non. C'est plutôt la loi du serpent, la loi du persiffleur, la loi du mépris, où apparemment, c'est au plus méprisant qu'on accorde le plus de respect.
   
    C'est masculin, je suppose. Ce n'est pas tellement en réalité le genre humain que je n'aime pas, mais plutôt sa branche testiculaire. Je me suis toujours mieux entendu avec la gente féminine. Peut-être parce que, naivement, je continue de la voir comme l'emblême de la douceur et de la sensibilité. J'ai toujours trouvé ces demoiselles plus sensibles à l'art, plus sensibles aux sons, aux odeurs, aux sens. Elles me semblent bien plus douce, et quand la mesquinerie s'empare d'elles, pour les plus dangereuses, c'est toujours avec de l'esprit. Ce n'est pas cette vanité vulgaire et bornée, comme taillée au burin dans du bois pourris. Non, même dans les défauts des femmes, il y a toujours cette part de volatilité qui les rendent belles. Elles me semblent plus compréhensives, bien plus gentilles. Elles ne me semblent pas porter le mal dans leur coeur. Elles me semblent dansantes, comme un parfum, comme un souvenir. Elles aparaissent, elles repartent, et elles changent tout.

    Je dois délirer. Je dois délirer de me dire que j'ai le mauvais esprit dans la mauvaise époque, sans doute. Mais il est clair que passer la semaine avec l'horreur masculine pour revenir le week end et me retrouver seul face à la réalité — et à moi même, ce qui est bien plus effrayant parfois — cela ne me réussis pas. Me donne seulement l'envie de dormir et de m'échapper. Et m'enlève la force de créer, souvent.

    M'enfin, Maud, je sais que ce charabia te parait une bien longue route vers ce que je t'ai promis, donc le voilà, le poème de gare !

Il est un homme qui marche dans un désert.
Sous ses pieds se confondent la neige et la glace,
Et si la neige ne fond quand la chaleur passe
C'est qu'il est seul, et gèle son atmosphère.

Le sable sous ses pieds des gouffres a ouvert
Et à chaque pas qu'il fait, c'est le temps qui passe.
Alors, le sable et le soleil, que rien n'efface,
Brûlent les plaies sur son corps découvert.

Il s'interroge : "Hélas, quand viendra l'hiver
Avec sa neige? Que le froid grand bien me fasse!
Il me semble que je meurt sous l'astre solaire!"

Ah, l'esprit de ces hommes parfois me dépasse:
Il se veut d'un été aussi dur que l'hiver
Et d'un échange raccourcir son temps sur terre.


Tableau : Bureaucrate moyen atmosphérocéphale dans l'attitude de traire du lait d'une harpe crânienne - Salvador Sali

EDIT : Je voudrais m'excuser en fait pour les commentaires que j'ai fait sur l'internat. Ayant écris cela sous un accès de colère enchérit de quelques coups de blues et autres nouvelles joyeuse, j'ai fait la faute ignoble de généralisé à tout l'internat le grand nombre de chose que je ne reproche vraiment qu'à une seule personne que je ne nommerai pas, tout d'abord par lâcheté, puis ensuite parce qu'il ne viendra jamais ici je l'espère (l'idée qu'il franchisse l'netrée de cette grotte m'est insupportable, il ne comprendrait pas) et enfin parce que vous ne le connaissez pas, et que cela ne servira en rien. Cédant au second démon, celui de la flemme d'avoir à tout réécrire, je veux juste m'excuser pour réhabiliter les quelques 11 autres personnes accusées ici à tort alors qu'elles n'y sont pour rien. Dieu les garde.

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Commentaires
B
L'injustice et l'irrespect provoque le dégoût du tout. Je peux comprendre ton état.<br /> Mais la réussite ne réside pas uniquement dans les actes et les résultats (scolaires) mais dans la force à savoir dire "non" pour ne pas suivre la masse.<br /> Je suis quasi certaine que si tu te retrouves seul avec l'un de ces cons, il l'est beaucoup moins. C'est l'effet de groupe qui fait sa "pseudo puissance" et qui rend l'humain totalement idiot.<br /> L'intelligence c'est toi qui la possède et de loin. Tu les surpasses tous, crois moi.<br /> Tu refuses d'entrer dans leur marche psycho rigide et c'est toi qui en sortira gagnant parce que tu as ta liberté de penser, ton libre arbitre alors que tous les gros cons qui t'entourent ne sont que des suiveurs à deux balles.<br /> On a tout à perdre à être malsain et toi tu as tous compris.<br /> Putain je t'aime toi ! <br /> <br /> <br /> Ton poème de gare est splendide. Mais, non Baptiste, tu n'es pas seul dans ton désert. Regarde mieux, écoute, sens.<br /> <br /> *****<br /> <br /> "And in my heart <br /> Many wishes are crying" <= réjouis toi des souhaits que tu as. Ils nous tiennent en vie.
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